vendredi, novembre 27

Ceci est très bon



Une voix blanche mixée très en avant, une intro Ultravoxienne, un mid-tempo lancinant, un refrain en suspension qui se résout progressivement en un long crescendo de nappes, un solo de guitare à la limite de la contry,.... Ce morceau a tout pour me plaire. Je ne sais rien de Hurts, si ce n'est que Popjustice aime bien et qu'ils sont de Manchester. Mais a-t-on vraiment besoin d'en savoir plus sur un groupe pour aimer sa musique?

La dernière fois que je m'étais ainsi enthousiasmé pour une chanson qui ne venait de nulle part, c'était en 2002. Déjà un clip en noir et blanc, déjà un duo masculin anglais, déjà une chanson naviguant entre pop et électro.

Je suis très prévisible en fait.



A l'époque, alors que je prédisais que cette chanson serait un tube mondial, ça n'avait pas du tout marché. Je n'ai jamais entendu parler de Syntax nulle part, même pas dans les Inrocks (pourtant encore assez friand de trip-hop à cette époque). Espérons que mon enthousiasme ne soit pas à nouveau le prémice d'un échec annoncé.

PS : Pour ceux qui ne me suivent pas sur Twitter, j'en profite pour resignaler l'interview de Liz Fraser dans le Guardian.

lundi, novembre 23

The Big Pink + The Germans, Ancienne Belgique, 3 novembre 2009

Cela faisait longtemps que je n'étais plus entré dans la petite salle du Club de l'Ancienne Belgique, au moins trois ans je dirais. Est-ce parce que mes goûts sont devenus plus mainstream et que les artistes qui m'intéressent jouent à présent dans de plus grandes salles, ou plus généralement parce que l'expérience du live me tente moins qu'auparavant ? Un peu les deux sans doute. Pourtant, bien que je me sentais un peu en porte-à-faux avec le public déjà présent, la mallette que j'ai bien été obligé de ramener du boulot n'arrangeant rien, j'ai retrouvé avec un certain plaisir cette atmosphère confinée, qui me rappelle certains concerts de Godspeed You Black Emperor, des Kills, de Patrick Wolf ou de Sunn O))).

La raison de ma présence est The Big Pink, duo londonien porté par un buzz qui ne faiblit pas (les requêtes Google menant quotidiennement sur ce blog en témoignent) et dont les deux premiers singles m'avaient tout à la fois rappelé tout un pan de la musique indé des années 90 (quelque part entre le trip-hop, le shoegaze de Slowdive et l'indie crapoteux mâtiné d'électro de The Wolfgang Press) et semblé totalement original. Cet enthousiasme avait dans un premier temps été amplifié par leur signature sur mon label fétiche 4AD avant de retomber quelque peu à l'écoute de l'album, pas totalement convaincant sur la longueur.

Mais commençons par le commencement, c'est-à-dire la première partie assurée par The Germans, groupe belge néerlandophone dont le post-rock basé sur la répétition et l'empilement des couches sonores m'a à dire vrai semblé en 2009 un peu anachronique (voire parachronique me souffle le petit Robert). Il y a bien cà et là quelques idées intrigantes, dans l'utilisation des voix notamment, et le batteur se débrouille plutôt bien, mais dans l'ensemble j'ai trouvé ça assez faiblard. J'ai pourtant cru un instant que le dernier morceau allait emporter sur le fil mon adhésion, avec sa ligne de synthé glaciale sur laquelle une voix monocorde venait scander quelques mots désespérés. Hélas, bien vite, le morceau retombe dans les travers des précédents. Le tempo s'emballe, le bassiste surbouge et le public se rendort. Pire, le claviériste nous dégote en guise de baroud d'honneur un crapuleux son d'ultra-basse qui tombe comme un cheveu dans la soupe et qui a bien failli retourner les estomacs de tout le public, ce qui était sans nul doute le but poursuivi mais bon, n'est pas Sunn O))) qui veut et je dois bien avouer que la fin du set m'est apparue comme une délivrance.

Commence ensuite le ballet des roadies installant le matos, avec notamment des racks à pédales kilométriques, tandis que de la fumée est injectée à jets continus dans la salle, à tel point que l'on finit par se demander si la salle contiendra encore assez d'oxygène pour assurer la survie du public pendant le concert. Des essais de spot, ostentatoirement dirigés directement vers les visages du public, semblent d'ailleurs indiquer que l'effet recherché par les techniciens est celui d'un lever de soleil dans le brouillard, ce qui ne serait pas si grave si cet effet brouillardeux n'avait aussi présidé à la balance sonore.

En effet, lorsque le groupe entre en scène, c'est pour instantanément ériger un mur de guitares et de basse que même les coups de boutoir de la batteuse ne parviendront jamais à abattre. La voix était par moments tellement couverte qu'il en devenait difficile de reconnaître les morceaux joués. Dommage car, comme l'écoute de l'album le confirme, leurs meilleures chansons valent surtout pour la manière dont la voix plaintive du chanteur se combine avec les blips, les effets électroniques et les changements d'atmosphère qui parsèment les chansons. Si on ajoute à cela une communication avec le public proche du zéro absolu pendant la toute petite heure de concert, il est difficile de ne pas en arriver à la conclusion que le groupe n'a absolument rien à proposer en live. Une occasion ratée.

lundi, novembre 16

A-Ha, Ancienne Belgique, 11 novembre 2009

Je me souviens assez mal de mon premier concert de A-Ha. C'était déjà à l'Ancienne Belgique, en 2003 pour la tournée Lifelines. Surnage seulement le souvenir de mon enthousiasme de grand enfant face à un des groupes phares de mes douze ans, que je ne pensais jamais voir en concert, tempéré par une légère déception qu'ils n'aient pas fait un peu plus d'efforts : son un peu bouillasse, arrangements approximatifs, peu de communication avec le public, voix fatiguée. Lorsqu'un nouveau concert à l'AB a été annoncé il y a quelques semaines, j'ai donc un peu hésité avant d'acheter ma place, pour me laisser finalement convaincre par l'écoute de quelques chansons du nouvel album, qui semblait marquer le retour aux sonorités pop synthétiques de leur (excellent) premier album. Bien m'en prit car, quelques semaines plus tard, le groupe a annoncé sa future séparation. Il y a donc de bonnes chances que cela soit le dernier concert d'eux auquel j'aie l'occasion d'assister. Snif, dirait Beigbeder!

Lorsque j'arrive devant la salle à 19h10, je constate que des barrièrs Nadar ont été placées sur le trottoir afin de canaliser la foule voulant. C'est la première fois que de telles précautions sont prises pour un concert auquel j'assiste. Bien que cela fait presque 20 ans que A-Ha n'est plus un groupe à la mode, les organisateurs ont prévu un dispositif superstar, ce qui est sans doute mérité vu le monde présent 80 minutes avant le début du concert. Je prends place dans la file, qui avance heureusement assez vite. Une fois dans le hall, se pose la question du placement. Vais-je me placer dans la fosse, le plus près possible de la scène, comme d'habitude, ou au contraire m'installer dans les gradins au fond de la salle, histoire d'amortir la déception que je crains déjà de ressentir? Je décide finalement de me placer dans la fosse et de patienter debout pendant la grosse heure d'attente, tout en écoutant discuter les fans autour de moi. Le fan de pop commerciale que je suis assiste finalement assez rarement à des concerts pop et j'aime bien, quand l'occasion se présente, écouter discuter le public et voir comme il diffère de celui des concerts indés : plus âgé (la trentaine en moyenne), assez pop sur lui, moins de coiffures d'indie-kid anglais, plus de queues de cheval et de coupes passe-partout, moins de tee-shirts Kraftwerk et plus de tenues d'employés de bureau, d'enseignants et/ou de secrétaires, un public moins blasé et venu dans le seul but de s'amuser entre amis. Beaucoup d'étrangers aussi, notamment des Français, dont certains avaient déjà assisté au concert parisien de la veille (la communauté des fans français de A-Ha est étonnamment active et bien organisée).

Dès l'extinction des lumières, il paraît clair que ce concert ne sera pas aussi rudimentaire que celui de 2003. Une bande-son introductive intrigante, dans laquelle se mêlent synthés inquiétants et lambeaux de voix, indique clairement que ce show a été pensé comme un vrai spectacle, et pas comme un simple enchaînement d'interprétations approximatives d'extraits de leur répertoire. Ces louables intentions se voient confirmées quand, après le lever de rideau, l'organisation de la scène est révélée au public : taille maximale, avec le fond couvert d'un écran géant sur lequel se succèderont pendant deux heures images fixes, clips, gros plans filmés en direct, etc.. Les éclairages sont également très réussis.

Autre bonne surprise : le son est parfait, avec un mix très clair. Les trois membres du groupe sont accompagnés sur scène de deux musiciens et il est difficile de dire qui fait quoi. Il est clair que Magne Furuholmen ne joue pas tout en direct (le riff de Take On Me par exemple est clairement pré-enregistré, mais celui de Train of Thought semble être interprété sur place), et si Pal Waaktaar garde sa guitare en bandoulière durant tout le concert, il est parfois bien difficile de distinguer ce qu'il joue vraiment. Dès lors, peut-être pour faire taire les fâcheux (dont je serais très peiné de faire partie), ils se sont autorisé un bref intermède acoustique à la mi-concert, comprenant si je me souviens bien And You Tell Me et Velvet. Cela dit, qu'importe toutes ces considérations. Je n'étais pas là pour les lignes de piano de Magne (n'aurait-il pas été cocasse qu'il soit membre de Depeche) ou les solos de guitare de Pal, mais bien pour écouter Morten chanter et la balance était de ce point de vue parfaite, faisait la part belle à sa voix, placée très en avant.

Parlons-en, d'ailleurs, de cette voix que j'ai pris l'habitude de qualifier de deuxième plus beau timbre de la musique mondiale (après l'inaccessible Lisa, évidemment). A ce stade, mon indéfectible honnêteté et mon objectivité foncière m'obligent malhereusement à mentionner que la voix de Morten Harket, n'a plus tout à fait le même souflle épique, la même agilité dans les changements de registre que dans les années 80. Son falsetto en particulier a perdu ses harmoniques et sonne moins plein, plus forcé. Cela dit, bien qu'à les voir sur scène, on aurait tendance à l'oublier (ils n'ont pour ainsi dire pas changé...je suppute que, quelque part dans un grenier de la banlieue d'Oslo, un portrait du groupe subit à leur place les outrages du temps), il faut garder à l'esprit que tout ce beau monde approche gentiment du demi-siècle et qu'il est tout à fait admirable que, à cinquante ans, Morten puisse encore en remontrer à 95% des chanteurs actuels, d'autant que son type de voix n'est pas a priori celui qui vieillit le mieux (Stuart Staples au hasard est de ce point de vue plus tranquille).

Pour continuer dans les bonnes nouvelles, la set-list est aux petits oignons et fait la part belle aux deux premiers albums, ainsi qu'au petit dernier, le franchement très bon Foot Of The Mountain. Alors bien sûr, on peut regretter l'absence de Living A Boy's Adventure Tale, de I've been losing you ou de The Weight Of The Wind (qui auraient tous avantageusement remplacé Velvet) mais bon, l'essentiel des tubes et des albums-tracks incontournables sont là. J'avoue avec un honte à peine revendiquée que les intros de Scoundrel Days ou Dream Myself Alive m'ont donné la chair de poule.

Pour terminer, je dirais que Morten et Magne, très souriants, semblent plutôt heureux d'être là (c'est moins sûr pour Pal, plus renfrogné), se sentant possiblement plus à l'aise avec leur statut de pop-stars vieillissantes après être tombé d'accord pour dissoudre le groupe en janvier 2011. Magne est celui qui communique le plus facilement, s'essayant au français, et même à quelques mots de néerlandais, lorsqu'il interpelle le public. Aucune mention ne sera faite d'un possible retour en Belgique pour leur tournée d'adieux. Seule réelle déception d'une soirée qui m'a laissé gentiment euphorique. Je me sens plus fan maintenant qu'il y a deux semaines. La preuve ? J'ai réécouté en écrivant ceci les trois albums enregistrés entre 1990 et 2003, ceux dont je pensais qu'il n'y avait rien à sauver et y ai déniché cinq morceaux que j'aime vraiment bien. Comme quoi. En attendant qu'un jour peut-être, je me lance ici dans une discographie commentée du groupe, je m'en vais me repasser les deux albums suivants. Peut-être parviendrais-je même à réécouter Analogue avec une oreille neuve et réévaluer à la hausse un album qui m'avait laissé à l'époque le souvenir d'un immense ratage? Qui sait. Après un concert pareil, tout est possible.

Setlist :

- The Sun Always Shines On TV (Hunting High and Low)
- Riding The Crest (Foot Of The Mountain)
- The Bandstand (Foot Of The Mountain)
- Scoundrel Days (Scoundrel Days)
- Stay On These Roads (Stay On These Roads)
- Manhattan Skyline (Scoundrel Days)
- Hunting High And Low (Hunting High and Low)
- The Blood That Moves The Body (Stay On These Roads)
- I Dream Myself Alive (Hunting High and Low)
- And You Tell Me (Hunting High and Low)
- Velvet (Minor Earth, Major Sky)
- Train Of Thought (Hunting High and Low)
- Sunny Mystery (Foot Of The Mountain)
- Forever Not Yours (Lifelines)
- Shadowside (Foot Of The Mountain)
- Summer Moved On (Minor Earth, Major Sky)
- Foot Of The Mountain (Foot Of The Mountain)
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- Cry Wolf (Scoundrel Days)
- Analogue (Analogue)
- The Living Daylights (Stay On These Roads)
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- Take On Me (Hunting High and Low)

(et j'ai encore quatre autres brouillons de compte-rendu de concert à mettre au net)

jeudi, novembre 12

Cinq en un

En un billet, vous allez recevoir trois bonnes nouvelles, un lien et une première impression. Vous êtes prêts ? C'est parti.

Bonne nouvelle 1 : Les Tindersticks se sont reformés.
Bonne nouvelle 2 : Ils ont signé sur 4AD.
Le lien
Bonne nouvelle 3 : Une chanson de l'album est téléchargeable en avant-première au lien ci-dessus
La première impression : Ca part bien, et puis Stuart et sa bande essaie de se renouveler en lorgnant du côté d'Arcade Fire et en introduisant des choeurs masculins qui me semblent de prime abord assez discutables. Mais bon, je mentirais en disant que je ne suis pas content de les réentendre.

dimanche, novembre 1

Bon Halloween de la part de Dangerous Muse

http://tinyurl.com/yctl9j9