dimanche, septembre 27

Klaus Schulze & Lisa Gerrard, AB, 25 septembre 2009 (I)

Par bien des points, il s'agit d'une collaoration contre-nature. Les synthés d'une froideur toute germanique de Klaus Schulze (je m'autorise à utiliser un cliché aussi éculé car je ne connais pour ainsi dire rien de ses oeuvres et il faut bien que je fasse illusion, surtout dans un paragraphe d'introduction) et les vocalises supra-terrestres débordantes d'émotion de Lisa Gerrard n'auraient jamais dû se rencontrer, et encore moins se fondre dans une collaboration à long terme. Et pourtant...

Lorsque leur premier album commun Farscape a paru en 2008, je ne savais trop dans un premier temps que penser. Après avoir été déçu à répétition durant le années 2000 par les choix artistiques de Lisa Gerrard, que je sentais sombrer petit à petit dans l'anecdotique, en refusant de se coltiner à d'autres tempéraments que le sien et en ne travaillant plus qu'avec des collaborateurs de second plan qui se gardaient bien de la pousser à se mettre en danger, j'avais fini par ne plus espérer grand chose d'elle. Trop souvent, Lisa avait choisi pour accompagner sa voix de simples nappes planouillantes sans personnalité propre (sur la BO de Whale Rider notamment) et le résultat avait été décevant, car ces nappes étaient conçues comme un simple entonnoir qui canalise l'attention de l'auditeur vers une voix qui, à n'être ainsi reliée à rien, réussissait le triste exploit de paraître banale. Même Lisa Gerrard n'a pas le droit de dérouler en roue libre et espérer que je trouve ça génial par défaut (même si pour l'efficacité de ma démonstration, je passe ici sous silence The Silver Tree (2006), un album qui m'avait déjà un peu réconcilié avec ses productions récentes).

Connaissant la réputation de Klaus Schulze comme pape allemand du synthé planant, je m'étais donc dit dans un premier temps que cette nouvelle direction allait au moins l'obliger à s'adapter, à abandonner ses ficelles habituelles pour chercher une nouvelle manière de chanter, à mettre sa voix au service d'une autre personnalité artistique, possiblement aussi forte et établie que la sienne.

L'écoute de Farscape m'avait un peu fait déchanter. Comme tout le monde, Klaus Schulze s'est sans doute trouvé dans un premier temps tétanisé par la voix de Lisa Gerrard et n'a pas osé la mettre en danger, se contentant durant les cinq premiers tableaux de tisser un léger tapis d'arpèges et lâchant la bride à Lisa, qui n'était sans doute que trop heureuse de retrouver ses petites habitudes. Les choses commencent seulement à devenir intéressante dans les deux derniers tableaux à la fin du CD2, où un début de dialogue s'installe entre la voix de Lisa Gerrard et l'accompagnement de Klaus Schulze.

Cela dit, le disque, portait déjà en germe le signe d'un possible renouveau. En effet, la longueur des morceaux, une vingtaine de minutes en moyenne, donnait à la chanteuse une liberté nouvelle dont elle semblait ne pas trop savoir que faire mais qui a sans doute dû inconsciemment lui ouvrir de nouvelles perspectives. Après tout, bon nombre de musiques du monde (Nusrat Fateh Ali Khan par exemple) fonctionnent sur le mode de la répétition jusqu'à l'épuisement. Or, c'est une direction dont, jusqu'à présent, les origines pop-rock de Dead Can Dance l'avaient tenue éloignée. Peut-être cette notion de durée allait-elle la conduire à repenser la manière dont elle envisage son chant, à retrouver l'envie de construire des morceaux et cette capacité unique à créer puis à résoudre des tensions, capacité qui était le secret de fabrication de ses productions des années 80 et 90 et qu'on retrouve dans son état le plus pur dans des morceaux comme The Host of Seraphim ou Cantara par exemple.

Tel était mon état d'esprit ce vendredi soir lorsque, confortablement installé dans un des sièges de l'AB, je vois s'éteindre les lumières de la salle (comble) : joie de revoir Lisa Gerrard dans une salle à taille humaine, curiosité de voir de quoi est capable Klaus Schulze, mais faible espoir de pouvoir réellement retrouver l'intensité exceptionnelle de mes concerts de Dead Can Dance et Lisa Gerrard dans les années 90. Qu'en a-t-il été ? Vous le saurez en suivant le prochain épisode des fabuleuses aventures de "Petit Pierre au pays des synthés magiques et de la bonne fée Lisa" (titre provisoire).

1 commentaire:

Anonyme a dit…
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