mercredi, janvier 10

Les albums de 2006 (VI)

Howling Bells - Howling Bells (Bella Union)
Chaque année, je réécoute à cette époque pour mon classement au moins un album du premier semestre dont je gardais un souvenir ébloui et pour lequel je ne parviens pas tout à fait à retrouver mon enthousiasme. Micah P. Hinson l'année dernière, Howling Bells cette année. Entendons-nous bien, il s'agit sans aucun doute pour moi d'un des meilleurs albums de rock à guitares de cette année... mais ce n'est que ça. Alors que j'avais le souvenir d'une musique qui me parlait aux tripes, je me retrouve avec un disque que j'apprécie de l'extérieur, comme un bel ouvrage un peu froid. Ai-je eu le tort de ne plus l'écouter pendant quelques mois et donc de ne pas entretenir mon enthousiasme initial ? Ma découverte de Marissa Nadler (à laquelle on pense parfois en écoutant la voix de la chanteuse de Howling Bells, notamment sur A Ballad For The Bleeding Hearts) a-t-elle bouleversé ma grille d'appréciation ? Peut-être. Cela dit, il me reste le plaisir d'écouter ce qui est indéniablement un excellent disque de rock, que certains qualifient de gothique sans que je comprenne trop pourquoi (la pochette en noir et blanc ? le nom du groupe ?). Pour moi, le point de comparaison le plus immédiat n'est pas Sisters of Mercy mais plutôt le peu que je connais (et aime) de PJ Harvey (pour la voix féminine mise très en avant et qui peut se faire successivement rugueuse et séductrice), Tarnation (pour certaines intonations de country crépusculaire) ou même les Catchers (pour certaines fulgurances mélodiques qui agrippent immédiatement l'oreille, comme sur Velvet Girl), etc... Ce n'est sans doute pas un album qui va remettre en cause la manière dont quiconque envisage la musique mais cela faisait longtemps que, dans le genre, je n'avais plus entendu un disque aussi bien foutu (depuis To Bring You My Love peut-être). Le disque idéal à offrir à votre meilleur ami qui lit religieusement les Inrocks chaque semaine puisque, bien que totalement dans le coeur de cible du journal, il n'est même pas classé dans le top 100 de l'année.
- Liens : Site officiel, MySpace
- A écouter : Broken Bones (mp3), Setting Sun (video)
- Acheter

Cat Power - The Greatest (Matador)
Cat Power fait typiquement partie de ces artistes dont j'entends depuis longtemps dire le plus grand bien mais sur lesquels je ne me suis jamais vraiment penché. J'ai bien écouté Moon Pix mais n'en garde guère de souvenirs. J'ai aussi vu Cat Power en concert à Roskilde mais j'étais loin de la scène et Iron Maiden jouait juste à côté (je n'ai donc pas vu ou entendu grand-chose). Du coup, l'idée que je me fais de Cat Power résulte plus d'une accumulation d'ouï-dire que d'une expérience personnelle. Si j'en crois ce que j'entends autour de moi depuis des années, Cat Power était jusqu'à récemment une chanteuse américaine sans visage (suite à une coiffure dont la seule fonction était de dissimuler ses traits). Sur scène, elle était systématiquement saoûle et pétrifiée par le trac (ou, dans ses meilleurs jours, seulement l'un ou l'autre). Elle interprétait des chansons folk à la guitare acoustique avec une voix fragile et bouleversante devant laquelle quiconque doué de sensibilité se devait de fondre comme une motte de beurre dans une poêle à crêpes. Les choses semblaient devoir être ainsi figées pour l'éternité. Chaque nouvel album suscitait immanquablement l'enthousiasme des mêmes personnes, qui l'exprimaient immanquablement dans les mêmes termes. Puis, d'un seul coup, en 2006, bardaf, c'est l'embardée. Il semblerait que Chan Marshall ait commis l'affront suprême vis-à-vis de son public de la première heure. Elle semble être devenue heureuse, s'être libérée de ses inhibitions et avoir enregistré de manière très professionnelle un nouvel album avec des grands musiciens de Memphis. Pire, elle s'est mise à esquisser sur scène quelques pas de danse amusés, voire parfois à sourire au public (sacrilège, pour un peu, on croirait voir Yvette Horner). Cela dit, à quelque chose malheur est bon. Cette nouvelle version de Cat Power, si elle a désespéré de nombreux fans, m'a personnellement intrigué et je me retrouve du coup avec un très beau disque de blues-soul-folk classieux (biffer les mentions inutiles) qui n'est pas à 100,000 lieues de l'idée (très vague) que je me fais d'un album de Norah Jones ou de Katie Melua, c'est-à-dire inoffensif et parfait comme musique de fond. Ne me reste plus qu'à creuser les premiers albums pour voir si Cat Power, comme tout le reste, c'était vraiment mieux avant (et surtout ce What Would The Community Think, dont je n'arrête pas d'entendre parler).
- Liens : Site officiel
- A écouter : Where Is My Love (mp3)
- Acheter

The Vines - Vision Valley (Capitol)
The Vines auront tout connu dans leur pourtant courte carrière. Une hype hallucinante (et à ce jour sans égale, dans le NME en tout cas) a précédé la sortie de leur très bon premier album. Le retour de bâton qui s'en est (en)suivi a été d'une férocité inouïe. Certes, leur deuxième album fait de fonds de tiroirs était décevant, surtout après les interviews promotionnelles pleines de fanfaronnades Gallagheresques du genre "Le premier album n'était qu'un brouillon. Vous allez enfin voir ce dont nous sommes capables. blah blah blah..". Pourtant, les membres du groupe méritaient-ils vraiment les tombereaux d'injures qu'ils se sont pris dans la tronche à cette époque ? Pas sûr. Pour ne rien arranger, après une tournée pleine d'incidents en tous genres, le chanteur Craig Nicholls avait été diagnostiqué comme autiste léger (le syndrôme d'Asperger, très à la mode chez les rock-stars), ce qui le rendait inapte à partir en tournée. Une inspiration tarie et l'impossibilité de défendre ses chansons en concert. Le groupe semblait irrémédiablement condamné. J'ai donc été assez surpris d'apprendre au début de cette année qu!il avait enregistré un nouvel album. Mais pour quel public ? A peine cinq ans après leur apparition sur la scène rock internationale, The Vines sont déjà considérés par presque tout le monde comme des has-beens ventripotents qui feraient mieux d'abandonner. C'est dommage parce que ce troisième album est plutôt une bonne surprise. On y retrouve l'alternance, habituelle chez les Vines, de bombinettes punk hurlées (Gross Out, Anysound ou F*k Yeh) et de ballades épiques, qui vous rappelleront selon votre degré d'indulgence David Bowie, Dire Straits, Gary Moore, les Connells ou ZZ Top (comme par exemple le bluffant Spaceship qui clot l'album). Dans le genre "groupes en The", je ne trouve pas que ce disque soit pire que First Impressions On Earth. Cela dit, je ne suis pas forcément très objectif parce que, de tous les groupes apparus à cette époque, The Vines a toujours été mon préféré, loin devant les Strokes, les White Stripes et les autres. D'abord parce que j'aime beaucoup la voix de Craig Nicholls (mon critère ultime), et ensuite parce que là où les autres allaient chercher leur inspiration chez le Velvet Underground, Television ou le blues roots (toutes références qui me parlent assez peu), leur musique est un mélange de Nirvana, des Pixies et de Bowie (ce qui me convient mieux). Je suis donc bien content de les retrouver, et ce d'autant plus que le reste du monde semble s'en foutre éperdument.
- Liens : Site officiel
- A écouter : Vision Valley (mp3)
- Acheter

2 commentaires:

michelsardou a dit…

Par rapport à Howling Bells, je ne dirai rien, vu que j'ai pas écouté.
Par contre, le meilleur album à guitare est selon moi celui d'Archie Bronson Outfit.
Mais vu que je n'ai pas écouté Howling Bells...

Pierre a dit…

Archie Bronson Outfit, dis-tu ? Je m'en vais écouter ça (enfin, quand j'aurai fini d'écouter tout le reste). Merci du tuyau