mardi, septembre 19

MTV, la Musique de Ton Village

On peut penser ce qu'on veut de la vision de la musique défendue par MTV depuis vingt ans mais il m'a toujours semblé que, sur un point au moins, l'influence de la chaîne avait été positive : son caractère mondial permettait en effet aux spectateurs de tous les pays d'avoir un accès (limité mais réel) à la vie musicale d'autres pays (voire parfois d'autres continents). Une émission comme Most Wanted de Ray Cokes par exemple a sans doute plus fait pour faire prendre conscience aux adolescents des années 90 de leur appartenance à l'Europe que toutes les campagnes d'information organisées par l'UE. C'était en effet la première fois qu'une émission de télévision s'adressait directement à tout le continent, de la Suède à Israël et de la Grande-Bretagne à l'Autriche. Certains y ont vu une manifestation de l'impérialisme anglo-saxon (et de la langue anglaise). Je préfère y voir l'ébauche d'une nouvelle conscience "jeune" supra-nationale. Je garde par exemple un souvenir assez émerveillé des deux éditions du concours Eurovision alternatif organisé par Ray Cokes où des clips de tous les pays européens s'affrontaient.

Malheureusement, cette vision utopique de MTV comme chaîne fédératrice d'une "Internationale de la Musique" a été rapidement laminée par la fragmentation de MTV Europe en chaînes nationales, un choix que des considérations financières expliquent aisément (les écrans de pub peuvent être à la fois plus nombreux et mieux ciblés). On se retrouve donc dans une situation où il n'y a plus de réelles différences entre la musique diffusée par MTV et celle diffusée par les médias purement français (MCM, NRJ, Fun Radio ou Skyrock par exemple). Dans tous les cas, des programmateurs français travaillent à destination unique de spectateurs français, ce qui signifie en gros un accent mis sur les artistes locaux et la présence d'une poignée de stars anglo-saxonnes (presque toujours les mêmes).

Le comble du Franco-centrisme et de l'esprit de clocher a été atteint ce week-end avec la retransmission de la cérémonie américaine des MTV Music Awards, commentée en direct par une animatrice de la chaîne et deux glorieux représentants du hip-hop français. La traduction simultanée étant assez médiocre et les trois compères se moquant de ce qui se passe sur scène comme de leur première gourmette, il était impossible de comprendre quoi que ce soit. Mieux, la fenêtre insérée dans l'image pour nous montrer leur tronche empêchait de lire la moindre incrustation (notamment la liste des nom(in/m)és. La retransmission des MTV VMA n'était donc plus du tout l'occasion de se faire une idée sur l'état de la scène musicale aux Etats-Unis en 2006 (même si la victoire de James Blunt en dit déjà beaucoup), mais juste de connaître dans les moindres détails les a-priori de la scène rap française sur la musique américaine. Je vous avoue bien volontiers que cela m'intéresse assez peu (je suis assez grand pour me faire mon opinion tout seul) et j'ai rapidement éteint mon téléviseur. Après tout, qui a encore vraiment besoin de MTV quand Youtube et les autres mettent à disposition la musique du monde entier en version originale et sans commentaires surplombants.

2 commentaires:

Sami a dit…

Cette facheuse habitude de commenter au second degré et à coté de la plaque les ceremonies a commencé avec l'eurovision et depuis c'est systematique, les Grammy Awards ont subi un traitement similaire avec Virginie Efira et Doc Gyneco.

De plus habituellement les VMA sont diffusés en direct et en v.o. intégrale, ce qui n'était pas le cas cette année au grand dam des insomniaques.

Anonyme a dit…

j'ai regardé çà en zappant le show était ultra sophistiqué. je n'ai jamais vu des VMAs aussi bien mis en scène (éclairages, plateau, design des présentations, remixage des clips ). pour le reste vainqueurs ou perfomers n'étaient pas toujours à la hauteur : pour le bon: la dernière prod minimale des neptunes, les timbalakes, the raconteurs avec lou reed.
pour le moins bon : panic at the disco, AFI, Avenged je ne sais plus quoi, black eyed peas, james blunt