jeudi, mai 12

Back to mine again

(suite de ce billet)

Neil présente son disque comme "a sequence of music for late-night listening, linking electronic, ambient, classical and pop music". 'Linking' est sans doute le mot juste car le disque frappe avant tout par son homogénéité. Les tempos sont lents, les rythmes apaisés et les ambiances cotonneuses. Le grand mérite du disque est de parvenir à maintenir cette atmosphère en allant puiser dans des genres a priori très différents (electronica, classique, ambient, pop et jazz) et en réservant à l'auditeur son lot de découvertes. Des dix-sept morceaux proposés ici, je n'en avais entendu qu'un auparavant (celui de Craig Armstrong) et neuf des artistes étaient pour moi de parfaits inconnus.

A la première écoute, les morceaux semblent pouvoir se séparer en plusieurs grandes catégories. On trouve cinq morceaux au piano, quatre d'electronica, trois d'ambient, trois pièces pour cordes et trois chansons (oui, je sais, ça fait dix-huit, je ne parviens pas à me décider si Closer Musik fait de l'electronica ou de l'ambient). Ce sont les chansons qui, avec l'intrusion des voix, ont le plus de mal à se fondre dans le reste du disque. C'est particulièrement vrai pour le morceau d'Etienne Daho, dont la voix est tellement ancrée dans l'inconscient collectif des francophones qu'il est difficile d'ignorer qu'on est en train d'écouter une de ses morceaux.

Pour le reste, les enchaînements sont d'une grande fluidité, à tel point que l'on passe souvent d'un morceau à l'autre sans s'en rendre compte. Le disque fonctionne surtout comme un tout et son principal intérêt se situe dans les enchaînements. Ce disque sera sans doute l'une des rares compilations à classer dans les "Artistes divers" que j'écouterai régulièrement comme un tout, sans aller y picorer telle ou telle chanson. A ce titre, il est difficile de décerner des bons points à tel ou tel morceau en particulier. Malgré tout, l'écoute de ce disque m'a convaincu que j'étais injuste de réduire Harold Budd à ses collaborations avec Brian Eno et qu'il serait vraiment temps que je me penche plus attentivement sur les productions du label ECM (cfr le morceau de John Surman présent ici).

Tout bien réfléchi, ce disque me plaît plus que celui de Chris (dont j'ai parlé ici). Dois-je en conclure que, à même pas 30 ans, je me dirige déjà, lentement mais sûrement, vers une vieillesse apaisée à la Neil Tennant? Peut-être. La proportion croissante de disques classiques dans mes achats pourrait en tout cas le laisser croire. Il est peu probable que je fasse une habitude d'écouter Shostakovich en dégustant une bouteille de vin, je n'aime pas assez le vin ou Shostakovich (quoique ses concertos pour violoncelle...). En revanche, la possibilité que je passe mes soirées à écouter du Janacek avec une tasse de thé chaud est réelle. Nous verrons. Certaines mauvaises âmes diraient sans doute que je n'ai jamais eu le sens de la fête et qu'en conséquence, ce destin était connu depuis longtemps. Pourtant, je suis résolu à lutter pour ne pas laisser ma flamme de poppeux étouffer sous l'éteignoir de l'âge. D'ailleurs, je me remets tout de suite Ti Sento et j'enchaîne sur New Direction de S Club Juniors... Espérons que cela suffise à retarder l'échéance de quelques années.

Pour conclure, Neil Tennant a déclaré dans une interview récente que la superposition de beats électroniques et de cordes, d'énergie et de mélancolie qui résulterait d'une diffusion simultanée des deux disques représenterait une parfaite illustration du son des Pet Shop Boys. Le groupe annonce pour l'année prochaine un nouvel album qui signerait le retour à l'électronique, avec notamment deux morceaux produits par Trevor Horn. Nous verrons ce qu'il adviendra de ces déclarations d'intention, mais s'ils ont chacun puisé leur inspiration aux sources illustrées sur ces deux disques, on peut attendre l'avenir avec confiance.

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