mardi, mai 31

Live Eight

Bob Geldof a présenté aujourd'hui le line-up des 'festivals humanitaires' qui seront organisés le 2 juillet prochain, en prélude au sommet du G8 à Edimbourg (si j'ai tout bien compris). L'affiche londonienne est impressionnante et tous les habitués du genre sont présents (de Sting à U2 en passant par Coldplay et Paul McCartney). Cela dit, je n'ose imaginer comment ils vont parvenir à faire jouer plus de 20 artistes de ce calibre en une seule journée. Ils ne feront sans doute que trois morceaux chacun et reviendront faire un boeuf d'enfer à la fin sur Hey Jude ou Imagine. Ce gigantisme de l'affiche est un peu idiot. Avec une telle brochette d'artistes, on aurait pu sans problèmes multiplier les lieux de concert et ainsi donner à chacun un peu plus de temps pour s'exprimer.

Cela dit, plusieurs scènes sont déjà prévues. L'affiche de Philadelphie semble avoir été conçue pour servir de base à un grand jeu de 'Cherchez l'intrus' et les affiches européennes (Paris, Berlin et Londres) sont un étrange mélange d'artistes locaux et d'invités étrangers. Les Romains devront ainsi se taper Faith Hill et Tim McGraw (drôle d'idée puisque je suppose qu'ils sont aussi peu connus en Italie qu'ici). Les Allemands ont plus de chance, avec Brian Wilson, A-Ha et Lauryn Hill. En revanche, je plains les pauvres Parisiens qui auront l'idée d'aller au concert prévu à la Tour Eiffel. Les chanteurs français annoncés ne sont pas les plus passionnants et les seuls invités étrangers sont Placebo (mouairf), Jamiroquai (tous aux abris) et Craig David (il vit toujours ?). Heureusement, Manu Chao et Youssou N'dour devraient un peu relever le niveau, mais c'est pour moi clairement l'affiche la plus faible des cinq.

Je suppose que tous ces gens se produiront gracieusement. L'entrée pour le concert londonien sera apparemment gratuite. Je ne sais pas ce qu'il en sera pour les quatre autres. A vrai dire, n'ayant pas connu le Live Aid, je suis assez curieux de voir comment tout cela va se goupiller.

LIENS : Plus de détails ici et .

PS : Si vous êtes arrivés, jusqu'ici, vous aurez bien mérité d'aller faire un tour sur la Blogothèque pour écouter les deux morceaux de Pete Wylie que j'ai postés en hommage à la formidable victoire de Liverpool en Ligue des Champions.

samedi, mai 28

La Madeleine du jour

Guru Josh - Infinity

Un saxophone irritant, des nappes de synthés ambient, une rythmique bien bourrine, un clip tourné dans une boîte de nuit où des paillettes dorées volettent dans tous les coins, des paroles qui se prennent très au sérieux, des borborygmes de bon aloi.... Que du bonheur en somme.

vendredi, mai 27

Scoops du jour

Dans mon billet vidéo de ce matin, j'ai oublié deux scoops de la plus haute importance.

- Les membres de Slipknot ont déposé les masques. (cliquez sur le lien ad hoc)
- Ne le répétez pas sur tous les toits, mais j'aime plutôt bien la nouvelle chanson des Backstreet Boys (Incomplete). Cela dit, la vidéo est grotesque. Il faut absolument qu'ils arrêtent de chanter en tentant d'accentuer l'émotion (forcément dégoulinante) par des gestes. C'est grotesque.

Bullette in the gun

Mystical Beast a publié hier un billet sur Bullette. Cliquez de ce pas et allez écouter We are not from Sugar : 4 minutes 13 de voix éthérée, de rythmiques à la Broadcast, de mélodies délicieusement frigorifiées (avec une ou deux fausses notes de bon goût). Je réserve mon avis sur le reste de l'album, que je n'ai pas encore eu le temps d'écouter dans de bonnes conditions, mais ce morceau est quasiment parfait et l'écouter me rappelle mon coup de coeur de 2004 pour Post Industrial Boys. L'album peut être téléchargé gratuitement (et dans son entièreté) sur son site officiel sous format .zip. Pourquoi se priver ?

Clips du jour

- Jack White se prend pour Charles Monroe et Meg pour Marylin Manson (à moins que ce ne soit l'inverse).
- Cheveux de poppeux anglais, influences pop anglaises (le ska est définitivement de retour), une vidéo pleine de lads qui font la fête et déambulent dans les rues en répandant un ennui classieux. Yep. Pas de doute, The Ordinary Boys font bien de la pop anglaise. Plutôt bien d'ailleurs. Dommage qu'ils aient invité une sorte de Shaggy pour un rap ragga qui tombe complètement à plat dans la seconde moitié du morceau.
- Bien que je tente d'éviter autant que possible de parler des artistes que je n'aime pas (sauf s'ils vendent des millions de disques), je ne peux pas résister à dire du mal du Jamiroquai, qui est depuis longtemps mon meilleur ennemi. Le nouveau single parvient à être, si une telle chose est possible, encore plus inepte que les précédents : un grand melting-pot de musiques soul, funk, jazz dans lequel plus rien n'a de goût, interprété par un type qui parvient à faire carrière depuis presque dix ans sur une seule idée : "Et si je mettais un grand chapeau !"
- Tant qu'à parler de gens que je n'aime pas, Daft Punk semble vouloir nous montrer que le langage informatique contient décidément beaucoup de mots en anglais. Merci les gars, et remettez bien mon bonjour aux créateurs de Chucky, vous ne devriez pas tarder à entendre parler d'eux.

Sur la même page, Billy Corgan nous gratife d'un festival d'imagerie gothique, mais sans citrouilles éclatantes, Saint Etienne fait de la muzak pour ascenseurs que même Lemon Jelly trouverait un peu trop transparente et DJ Sammy massacre Annie Lennox, dont la carrière était pourtant bien assez morte comme ça.

Je pourrais encore laisser libre cours à mon mauvais esprit me demandant comment Shane Lynch a pu vendre autant d'albums avec Boyzone en étant manifestement incapable de chanter juste ou en rythme. Ses producteurs ont en tout cas dû lui écrire sur mesure une (très mauvaise) chanson à la Joe Dassin, où il ne fait en gros que parler d'une voix grave et désabusée. Je pourrais aussi m'émerveiller que l'on tente encore en 2005 de lancer des boy-bands sur le modèle de ce qui se faisait en 1998 et que l'on n'hésite pas à débaucher Prokofiev pour parvenir à ses fins.

Mais à quoi bon ?

mercredi, mai 25

C'est fin, très fin, ça s'écoute sans faim.

La faible teneur en musique de la vidéo qui va suivre rend ce billet à la limite du hors-sujet, mais bon... En ces temps difficiles, on a bien besoin d'un petit rayon de soleil. Je vous propose donc la chanson de Passe-Partout, qui est une preuve éclatante que les maisons de disques ne savent plus quoi inventer pour se faire de l'argent vite fait. Je n'ose imaginer à quoi ressemble l'album.

mardi, mai 24

De la rigueur en toutes choses.

Les créateurs de la compilation 15 hits from the sensational 70s doivent être félicités pour leur minutieux travail de compilation, dont la rigueur et la pertinence forcent l'admiration.

lundi, mai 23

Ecoutez-moi ça comme c'est beau.

A moins qu'un cookie malveillant ne vous en prive, vous devriez être capable d'écouter en streaming un extrait du concert de Dead Can Dance à Dublin en allant ici. La qualité sonore fait envie.

vendredi, mai 20

Il n'est jamais trop tard.

Cela fait plus de sept mois que je me dis que je devrais écrire un billet sur Marc Almond pour la Blogothèque. J'avais même commencé à l'écrire en octobre, mais avais remisé l'idée au placard après le grave accident dont le chanteur avait été victime, car je ne voulais pas donner l'impression de jouer au croque-mort. Depuis, les nouvelles sur son état sont plutôt rassurantes. Je me suis donc remis à l'ouvrage et le billet est enfin en ligne. Il se focalise sur la facette "cabaret flamboyant" de la carrière de Marc Almond, celle qui a sans doute influencé Rufus Wainwright par exemple.

jeudi, mai 19

La dance-culture ridiculisée en une blague

Deux DJs discutent :

DJ 1 - Tu veux aller au cinéma ce soir ?
DJ 2 - Faut voir. C'est qui le projectionniste ?

(tiré de la newsletter Popbitch).

Le tout est d'avoir un angle.

J'avais décidé de ne pas parler du cancer de Kylie Minogue parce que, fondamentalement, je n'avais rien de très original à en dire. Je regardais le monde entier s'émouvoir, les voeux de prompt rétablissement se succéder (Madonna, Coldplay et les autres) sans éprouver le besoin d'y ajouter quoi que ce soit. Ce billet n'a donc pour objet que de vous signaler une belle reprise live de Can't Get You Out Of My Head par Tori Amos, disponible ici.

Jusqu'au bout des nerfs

- Si on en croit les Anglais, le truc le plus insupportable que la musique de danse de jeunes ait inventé depuis deux ans est Crazy Frog, une réécriture de la musique de Un Flic à Berverly Hills. La sonnerie pour téléphone portable serait particulièrement irritante.
EDIT : J'ai appris que c'est par cette sonnerie que tout a commencé. C'est sans doute la première fois qu'une sonnerie de portable a été adaptée en single. Espérons que ça ne devienne pas une habitude.

- Si on en croit les Allemands, les Néérlandais et la plupart des Scandinaves, le truc le plus insupportable serait plutôt Schnappi, das kleine Krokodil, chanson pour enfants qui a réalisé un carton invraisemblable dans de nombreux pays européens. A une époque, trois versions différentes de la chanson étaient dans le top 10 des meilleurs ventes dans la partie flamande de la Belgique. Vous aurez une bonne idée de la chose en allant ici. Le morceau n'étant guère plus qu'une mélodie sur de l'orgue Bontempi, il a donné lieu à une multitude de remixes et bootlegs en tous genres (voir par exemple ici) et les réseaux p2p en sont pleins. Ma préférée mélange les paroles de la chanson avec le Rock Me Amadeus de Falco et est à hurler de rire. Je vous le monterais volontiers si j'avais un hébergeur (il faudra que j'y pense un jour).

Est-ce moi qui suis tout à fait hors du coup ou bien les pays francophones ont-ils réellement en grande partie échappé à ces deux fléaux ?
EDIT : Je suis allé me promener chez les disquaires cette semaine (4/6/2005) et suis tombé sur trois versions de Schnappy et le single de Crazy Frog.. Il semble donc bien que nous n'y échapperons pas.

dimanche, mai 15

Menu varié du jour.

- Ceux qui me lisent régulièrement auront sans doute remarqué que je ressens une étrange fascination pour le metal, fascination qui n'est pas sans rappeler celle que pourrait éprouver un chimpanzé pour une centrifugeuse (ou un aspirateur) : une sorte de sidération intriguée face à cette chose étrange qui fait du bruit et dont la fonction m'échappe. J'éprouve un intérêt tout particulier pour Cradle of Filth, qui mêle les feulements hystériques de leur leader Dani Filth, des choeurs opératiques gothifiants, une batterie frénétique et des guitares qui se débattent comme des agneaux qu'on égorge pour créer une musique qui paraît délicieusement malsaine à mes oreilles de popeux BCBG. Ils y mettent d'ailleurs une telle application que je finis presque par trouver cela attendrissant. Ceux qui ne connaissent pas peuvent juger sur pièces en allant écouter une session enregistrée pour 'The Rock Show' de la BBC. La session commence après 18 minutes et la seconde moitié arrive après 1h45 (2h45 au compteur donc).

- Le mp3-blog le plus prestigieux de toute la blogosphère mondiale (et malheureusement aussi un des plus illisibles) chante les louanges de Mylène Farmer et critique l'"intelligentsia française" qui ne la reconnaît pas à sa juste valeur (je paraphrase ici l'article, pas mon opinion personnelle). Il n'apporte malheureusement pas beaucoup d'eau au moulin de sa thèse, mais l'attrait qu'exerce la Mylène sur les anglo-saxons confirme bien qu'elle est une des rares chanteuses françaises à faire de la 'pop', au sens où on entend ce mot en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis.

- J'ai également posté deux extraits du Stabat Mater de Szymanowski sur la Blogothèque. J'en avais déjà dit deux mots ici.

- Je n'avais jamais entendu la version originale de Tainted Love. Elle est en écoute ici (via la Blogothèque).

vendredi, mai 13

La Madeleine du jour

Kris Kross avec Jump. Ca se passe ici. J'ai toujours été très fan du "hu huuuu huhuhuhuhu" à 2:00 et le "makitimakitimakitimake" à 3:20 (via Yeeeah!).

J'avais entendu dire qu'au moins un des deux membres du groupe avait sombré dans une spirale infernale de drogues en tous genres et était mort il y a quelques années, mais je n'ai pas réussi à retrouver la moindre trace de cette information. Comme quoi, il ne faut pas croire tout ce qu'on entend.

jeudi, mai 12

Back to mine again

(suite de ce billet)

Neil présente son disque comme "a sequence of music for late-night listening, linking electronic, ambient, classical and pop music". 'Linking' est sans doute le mot juste car le disque frappe avant tout par son homogénéité. Les tempos sont lents, les rythmes apaisés et les ambiances cotonneuses. Le grand mérite du disque est de parvenir à maintenir cette atmosphère en allant puiser dans des genres a priori très différents (electronica, classique, ambient, pop et jazz) et en réservant à l'auditeur son lot de découvertes. Des dix-sept morceaux proposés ici, je n'en avais entendu qu'un auparavant (celui de Craig Armstrong) et neuf des artistes étaient pour moi de parfaits inconnus.

A la première écoute, les morceaux semblent pouvoir se séparer en plusieurs grandes catégories. On trouve cinq morceaux au piano, quatre d'electronica, trois d'ambient, trois pièces pour cordes et trois chansons (oui, je sais, ça fait dix-huit, je ne parviens pas à me décider si Closer Musik fait de l'electronica ou de l'ambient). Ce sont les chansons qui, avec l'intrusion des voix, ont le plus de mal à se fondre dans le reste du disque. C'est particulièrement vrai pour le morceau d'Etienne Daho, dont la voix est tellement ancrée dans l'inconscient collectif des francophones qu'il est difficile d'ignorer qu'on est en train d'écouter une de ses morceaux.

Pour le reste, les enchaînements sont d'une grande fluidité, à tel point que l'on passe souvent d'un morceau à l'autre sans s'en rendre compte. Le disque fonctionne surtout comme un tout et son principal intérêt se situe dans les enchaînements. Ce disque sera sans doute l'une des rares compilations à classer dans les "Artistes divers" que j'écouterai régulièrement comme un tout, sans aller y picorer telle ou telle chanson. A ce titre, il est difficile de décerner des bons points à tel ou tel morceau en particulier. Malgré tout, l'écoute de ce disque m'a convaincu que j'étais injuste de réduire Harold Budd à ses collaborations avec Brian Eno et qu'il serait vraiment temps que je me penche plus attentivement sur les productions du label ECM (cfr le morceau de John Surman présent ici).

Tout bien réfléchi, ce disque me plaît plus que celui de Chris (dont j'ai parlé ici). Dois-je en conclure que, à même pas 30 ans, je me dirige déjà, lentement mais sûrement, vers une vieillesse apaisée à la Neil Tennant? Peut-être. La proportion croissante de disques classiques dans mes achats pourrait en tout cas le laisser croire. Il est peu probable que je fasse une habitude d'écouter Shostakovich en dégustant une bouteille de vin, je n'aime pas assez le vin ou Shostakovich (quoique ses concertos pour violoncelle...). En revanche, la possibilité que je passe mes soirées à écouter du Janacek avec une tasse de thé chaud est réelle. Nous verrons. Certaines mauvaises âmes diraient sans doute que je n'ai jamais eu le sens de la fête et qu'en conséquence, ce destin était connu depuis longtemps. Pourtant, je suis résolu à lutter pour ne pas laisser ma flamme de poppeux étouffer sous l'éteignoir de l'âge. D'ailleurs, je me remets tout de suite Ti Sento et j'enchaîne sur New Direction de S Club Juniors... Espérons que cela suffise à retarder l'échéance de quelques années.

Pour conclure, Neil Tennant a déclaré dans une interview récente que la superposition de beats électroniques et de cordes, d'énergie et de mélancolie qui résulterait d'une diffusion simultanée des deux disques représenterait une parfaite illustration du son des Pet Shop Boys. Le groupe annonce pour l'année prochaine un nouvel album qui signerait le retour à l'électronique, avec notamment deux morceaux produits par Trevor Horn. Nous verrons ce qu'il adviendra de ces déclarations d'intention, mais s'ils ont chacun puisé leur inspiration aux sources illustrées sur ces deux disques, on peut attendre l'avenir avec confiance.

mercredi, mai 11

Intermèdes

- Brian Eno s'apprête à sortir un nouvel album, et pour la première fois depuis la fin des années 70 (si on excepte la collaboration avec John Cale), il s'agira d'un album de vraies chansons, dans la lignée des indispensables Another Green World et Before and After Science. Enoweb propose la première mini-review de l'album. Cela fait plaisir de voir qu'Eno semble avoir enfin décider de reprendre du service après 10 ans essentiellement occupés à vivre sur ses acquis. Sortie le 13 juin apparemment.

- Deux salles de concert d'Amsterdam (le Paradiso et le Melkweg) semblent proposer en streaming tous leurs concerts. Je dis 'semblent' car cela ne fonctionne pas chez moi. Il faut dire que mon système d'exploitation date d'une époque reculée où personne ne connaissait encore Avril Lavigne. C'est d'autant plus rageant qu'on y trouve des concerts de Patrick Wolf, the Wedding Present, Emiliana Torrini, The Arcade Fire, Low,...
EDIT : Avec le lien, c'est mieux. Ca se passe ici.

(Le billet promis pour hier sera là demain... j'espère)

lundi, mai 9

Deux manières de vieillir.

Attention : Ce billet contient de grosses pépites de fanitude obsessionnelle.

Le principe de la collection Back To Mine est de proposer à différents artistes de compiler leurs morceaux préférés. Je n'avais jusqu'à la semaine dernière jamais écouté aucun des CD sortis sous ce nom mais la rumeur veut que le résultat soit en général à mi-chemin entre la lounge et la chillout music, deux genres que j'associe a priori assez peu avec les Pet Shop Boys. C'est donc avec une certaine curiosité que j'attendais de voir ce qu'ils allaient parvenir à tirer de ce format. En fait, ils ont en partie contourné le problème en créant deux CD, un pour chaque membre du groupe. Tandis que Neil jouera le jeu du chill-out ambient, Chris se lancera à corps perdu dans l'hédonisme disco. A ce titre, le projet est aussi un document précieux sur la dynamique du groupe qui permet de mettre en relief les différences d'inspiration entre les deux musiciens, ainsi que l'écart qui sépare leurs centres d'intérêt actuels. On pouvait en effet difficilement imaginer disques plus différents même si, en interview, ils insistent sur le fait que les deux CD ne sont pas mutuellement exclusifs et que l'un aime souvent une grande partie de ce que l'autre a choisi.

Le CD1 est compilé par Chris ('songs about love, friendship, sex, religion, hope and despair') et sa première moitié sert essentiellement à mettre au jour, avec une étonnante candeur, tous ceux que les Pet Shop Boys ont plagié au début de leur carrière. Les quatre premiers morceaux d'"italo-disco" (tous sortis entre 1982 et 1983) donnent toutes les clés du son des Pet Shop Boys, des premières démos réalisées avec la producteur Bobby Orlando (dont une chanson, Passion, est reprise ici) jusqu'au premier album inclus. Pour qui n'a pas connu cette époque, c'est tout un pan de leur inspiration qui se voit ainsi soudainement révélé et je n'écouterai plus jamais That's my impression par exemple de la même façon. En guise de transition, le CD embraye sur une grande chanson oubliée des années 80, Ti Sento de Matia Bazar, sortie en 1986 et qui, pour le coup, fonctionne pour moi comme une vraie madeleine de Proust.

Après cette belle unité de style, la seconde moitié du disque part un peu dans tous les sens. Nous avons d'abord le décidément formidable Never Be Alone de Justice vs Simian, paru l'année dernière sur le label International Deejay Gigolos qui, après Hooked on Radiation d'Atomizer et Emerge de Fischerspooner, prouve qu'il a décidément l'oreille fine pour repérer les pépites rares dans le tout-venant electroclash.

Le morceau suivant, The Show must go on de Queen, a fait couler beaucoup d'encre et les forums consacrés au groupe se sont étripés jusqu'au sang pour savoir si une telle 'faute de goût' était excusable. La majorité semblait peu encline à pardonner. De un, c'est du rock (il y a même un solo de guitare, c'est dire) et Chris avait fameusement déclaré "I don't like rock music". De deux, à notre époque, aimer Queen est encore résolument 'uncool'. De trois, tout le monde connaît déjà le morceau, ce qui rend quasiment impossible d'invoquer la réhabilitation ironique réservée aux morceaux tombés dans l'oubli. Pour ma part, je dois bien avouer avoir toujours eu faible pour ce dernier album de Queen même si je ne suis pas sûr qu'avoir une troisième copie de la chanson sur CD s'imposait vraiment.

La fin du CD flirte régulièrement avec le plus grand n'importe quoi. Nous avons d'abord un improbable morceau de Celestial Choir (qui date, bizarrement, de 2002), une sorte de chorale d'enfants disco, puis un morceau de Carl Bean (1977) dont le degré de campitude ferait passer les Scissor Sisters pour Motörhead, 'I'm happy. I'm carefree. I was born this way.'. Ayant toujours éprouvé une quasi-aversion pour la disco, je passe en général directement au dernier morceau, une ballade aux petits oignons de Dusty Springfield millésime 1978 et mon premier contact avec la Dusty de la grande époque.

A la première écoute, ce CD semble un peu partir dans tous les sens. Pourtant, quand on le considère rétrospectivement, une unité thématique se dégage assez clairement. Chris Lowe y pose un regard nostalgique sur une époque révolue, où il avait encore des cheveux, passait ses soirées en boîte et s'immergeait dans la culture 'club'. Aujourd'hui, à plus de 45 ans, il est presque chauve, porte les cheveux longs et les teint en blond pour faire illusion. Il lui faut sans doute une semaine pour se remettre d'une nuit blanche, mais qu'importe, The show must go on et le disque résonne comme un manifeste : "Rien ne m'empêche de conserver mon état d'esprit de 20 ans et de danser jusqu'au bout de la nuit."

Je ne sais trop que penser de cet était d'esprit. Il forme en tout cas un contraste saisissant avec celui de Neil qui préfère de loin "passer les soirées seul à la maison en écoutant Chostakovich avec un verre de vin.", ce que son CD confirmera brillamment.

J'en reparle demain.

samedi, mai 7

Je sais tout, rien ne m'étonne.

Un lecteur m'a signalé que si je voulais être reconnu comme une référence incontournable dans le milieu impitoyable du blog musical francophone, il fallait absolument que j'arrête de souligner sans arrêt mon ignorance et de mettre en avant ma surprise face à telle ou telle information inattendue (voir mon post précédent par exemple). Il n'a pas tort. Pour qui suit ce blog un peu régulièrement, il doit apparaître comme évident que l'envie d'être pris au sérieux est mon principal critère pour décider de quoi je parle ici (et de comment j'en parle).

J'ai donc décidé de ne pas vous faire part de la stupéfaction qui fut la mienne lorsque l'on m'a appris cette semaine que le Only you des Flying Pickets était une reprise d'un morceau de Yazoo. Dommage, car cela m'aurait donné l'occasion de disserter sur les mérites respectifs des deux versions et de remettre sur le tapis la sempiternelle question : "Existe-t-il des reprises qui soient meilleures que les morceaux originaux ?" (réponse : peu) ou "Ne préfère-t-on pas toujours les versions que l'on a entendues en premier ?" (réponse : si, quasiment). Tant pis.

En revanche, je peux sans crainte vous proposer d'aller faire un tour sur la Blogothèque où j'ai posté un morceau du Khonnor (un jeune homme de 17 ans qui fait de la musique à mi-chemin entre le folk et l'electronica) et un extrait d'une BBC session de Tunng (un duo anglais dont j'ai déjà parlé ici). En fouillant sur le site, vous trouverez également quelques morceaux des Zombies et de Galaxie 500. Ailleurs, pensez à aller écouter le nouveau single d'Art Brut, le groupe qui, avec Bloc Party, m'avait le plus intéressé dans la mouvance londonienne de ces derniers mois (Formed a band).

Dans le genre consternant, nous avons aussi une reprise de Creep (une de plus) par Tears for Fears (désolé d'utiliser un lien secondaire, je ne parviens pas à retrouver une page sur le site d'origine).

lundi, mai 2

Pensées de la semaine

- Télérama aime bien le nouvel album de Patrick Wolf, ce qui lui permet de passer le cap important des trois critiques positives dans la presse française. Ca lui en fait autant que Jean-Pierre François. Bravo à lui.
- Philip Glass a complètement foiré son concerto pour violoncelle. Heureusement, son concerto pour deux timbaliers, disponible sur le même disque, est nettement meilleur.
- Britney Spears aime beaucoup Radiohead. Ca désespère autant les fans de Britney que les fans de Radiohead, qui se font un sang d'encre à l'idée d'avoir des goûts communs avec l'ex Lolita des années 90. Dans le même genre, le batteur des Zutons n'en peut plus de s'indigner de la présence de Kylie Minogue à Glastonbury (voir aussi ici).
- Après deux écoutes, le nouvel album d'Autechre '(the very much titled) Untilted' me semble plutôt moins abscons que le précédent. A la première écoute, je l'ai même trouvé presque mélodique (bien qu'à la seconde, je me suis un peu demandé d'où avait bien pu me venir cette impression).
- Après avoir massacré Bohemian Rhapsody, les Pavarotti Prisu de G4 se sont mis en tête de se faire Creep et Cry me a river (version Justin Timberlake, pas le standard de jazz). Dans les deux cas, c'est à mourir de rire, ou plutôt ça le serait si je ne sentais confusément que le genre 'popera' était en train de s'implanter durablement (Il Divo cartonne aux Etats-Unis par exemple). Note : tant qu'à parler de Justin Timberlake, tous mes voeux de bonheur.
- Je suis allé jeudi voir l'Orchestre Philharmonique de Liège interpréter le Stabat Mater de Szymanovski et ai été sidéré de voir à quel point cette oeuvre de 1925 était en avance sur son temps....en ce sens qu'elle était, pour l'époque, courageusement passéiste. Elle m'a fait notamment penser à Henryk Gorecki et à Zbigniew Preisner (période La Double Vie de Véronique). Plus bizarrement encore, certains passages semblaient tout droit extraits de la bande originale du Seigneur des Anneaux. Je ne m'attendais pas du tout à faire de telles associations et me suis senti obligé de demander à un professeur émérite du Conservatoire si Szymanovski était considéré par les professionnels comme un compositeur 'sérieux'. La réponse est oui. Me voilà donc obligé de reconsidérer la place des compostieurs de musique de films hollywoodiens au Panthéon des musiciens. Comme si je n'avais que ça à faire....
- Une amie qui n'a jamais tout à fait pu renier sa passion pour les New Kids On The Block m'a dit qu'on ne pouvait pas complètement apprécier l'album de Bodies Without Organs sans savoir à quoi ressemblait le chanteur. Ne voulant pas vous laisser ainsi dans l'ignorance, voici un lien vers quelques vidéos du groupe. Je continue pour ma part à penser que, malgré quelques chansons irrésistibles (Voodoo Magic ou Conquering America principalement), il leur manque un petit quelque chose. Edit : Les plus physionomistes d'entre vous reconnaîtront dans les vidéos un des membres (voire deux) de Army of Lovers.
- J'avais toujours associé le nom Killing Joke à du punk hardcore assez sauvage. Quelle ne fut donc pas ma surprise de découvrir il y a quelques semaines qu'une chanson new-wave que j'adorais à l'époque et connaissais encore quasiment par coeur était en fait d'eux (Love like blood). En guise de rédemption, je m'en vais écouter quelques-uns de leurs albums.
- Cela fait sept semaines que la première place des charts anglais est occupée par Tony Christie et son (Is this the way to) Amarillo, une chanson de 1971 ressortie à l'occasion du Comic Relief. Elle fait apparemment partie de l'inconscient collectif du britannique moyen et on est certain de l'entendre au moins une fois dans chaque soirée de mariage. A mon grand dam, je dois confesser que, à force de l'entendre chaque semaine à la fin de Top of the Pops (et de voir Shaun Ryder, Bez, Brian May et Roger Taylor faire les zouaves dans la vidéo), j'ai fini par y prendre goût. Ma faiblesse d'esprit me désole. Espérons néanmoins que cela ne donne pas des idées à France 2 et qu'on ne se prenne une resortie de la Salsa du démon dans la figure pour le prochain Téléthon.