mardi, novembre 30

La mort d'une institution.

Après la mort de John Peel, c'est un autre pilier médiatique de la musique en Angleterre qui s'apprête à disparaître : Top of the Pops. Certes, ce n'est pas une disparition aussi irrémédiable que celle de John Peel, vu que l'émission hebdomadaire change juste de station, passant de BBC One à BBC Two. On pourrait même se dire qu'a priori, ce n'est qu'une réorganisation sans conséquence. Il n'en est pourtant rien. Il s'agit bien d'une sorte de mini-séisme.

BBC One est la chaîne généraliste de la BBC. C'est là que les émissions-phares de la télévision publique britannique trouvent tout naturellement leur place. BBC Two est une chaîne plus spécialisée, où se retrouvent les émissions qui n'ont pas a priori vocation à rencontrer un large public. C'est la chaîne des matches de snooker, des émissions d'astronomie et de jardinage, des films en version sous-titrée, etc... Ca n'en fait évidemment pas une moins bonne chaîne (QI avec Stephen Fry, Have I got news for you? ou Absolutely Fabulous par exemple font partie de mes émissions préférées et sont ou ont été d'abord programmés sur BBC Two) mais son audience est structurellement deux à trois fois moindre que celle de BBC One. Le transfert d'une chaîne à l'autre est donc une reconnaissance officielle par la BBC que la culture pop n'est dorénavant plus une préoccupation nationale.

Certes, cette décision reflète une réalité qui se manifestait déjà dans la baisse ds ventes de singles ou dans les chiffres d'audience de TOTP qui étaient au plus bas depuis quelques années (environ 3 millions de spectateurs chaque semaine). En vrai fan de pop, je pourrais dire que ce désintérêt de la pop-music est une nouvelle manifestation du conformisme rampant qui gangrène toutes les sociétés occidentales depuis la "fin des idéologies'. Pourtant, ces tentatives d'explication ne m'empêcheront pas d'éprouver un petit pincement au coeur en constatant que, dans un pays où, il n'y a pas si longtemps, la bataille entre Blur et Oasis pour la première place du hit-parade pouvait ouvrir un journal télévisé, la pop-culture soit, à l'instar de l'astronomie ou du jardinage, dorénavant considérée comme le hobby d'une frange limitée de la population. Pire, si on s'en réfère à la grille des programmes, la cuisine est dorénavant un centre d'intérêt plus répandu que la musique populaire.

La cuisine !? En Angleterre ?? C'est le monde à l'envers.

(Incidemment, cela signifie aussi que je ne pourrai plus voir régulièrement l'émission, et ça franchement, c'est pas cool).

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